Afrique
Que de pauvres embourbés !
Les développeurs l’affirment: en l’absence d’une
politique volontariste et vigoureuse de lutte contre la pauvreté pour infléchir
les tendances observées, plus de 50% de la population ivoirienne sera dépourvue
de tout moyen de subsistance minimum à l’horizon 2015. Au fait, pourquoi la
pauvreté s’enracine-t-elle aussi rapidement dans ce pays considéré par beaucoup
comme l’eldorado de la sous-région? Question pertinente que voici !
Ce paradoxe ivoirien ne date pas de la récente crise, même si celle-ci a
aggravé le phénomène en contrariant bien des projections optimistes des
gouvernants et leurs partenaires au développement qui tablaient sur une baisse
de la pauvreté à 16% à l'horizon 2015. Car, par le passé, et pendant les trois années
qui ont suivi la dévaluation intervenue en 1994, la Côte d’Ivoire a réalisé des
taux de croissance élevés de l’ordre de 6 à 7%. Pour autant, les indicateurs de
pauvreté ne se sont pas améliorés. Dans le classement des pays au titre de
l’indice de développement humain (Idh) de 1999, 36,8% de la population ivoirienne
vivait en dessous du seuil de pauvreté, c’est-à-dire qu’en moyenne, chaque
habitant ne disposait que de 360 francs CFA par jour pour manger. Les experts
de la Banque mondiale notaient, à cette
même époque, que plus de 11,7% de la population se trouvait dans une extrême
pauvreté, se contentant d’environ 259 francs par jour. Très ans plus tard, le
problème se pose toujours avec acuité; les pauvres s’étant appauvris
davantage tant dans les villes que dans les villages, et le pays qui était, en 1999, classé au 154ème rang mondial a régressé à la 170ème
place selon l'indice de 2011 publié par le Programme des Nations Unies pour le Développement (Pnud). Faute d’une croissance économique rapide et durable nécessaire pour sortir les pauvres de la pauvreté. En fait, ces dernières années ont alterné fortes décroissances allant jusqu'à -6% ( fin 2010) et légère embellie (+3% en 2009). Alors que la croissance démographique (3,8% en moyenne) a continué à
cause de la fécondité sans pareille dans les milieux pauvres.
Comment réduire donc la pauvreté ? La réponse à
cette question est tout un ensemble de programmes orientés en trois
directions : cohérence politique, croissance économique, et volonté
politique. La réduction de la pauvreté appelle, en effet, une plus grande
cohérence des politiques gouvernementales susceptibles d’affecter le
développement. Parmi celles-ci, on a l’allègement de la dette (qui vient d'être obtenu, le 26 juin 2012, avec le point d'achèvement de l'initiative Ppte ayant permis de réduire d'environ 4090 milliards de Fcfa le stock de la dette publique extérieure), la promotion des
échanges et de l’investissement (public et privé), la sécurité sociale, etc.
Le recul de la pauvreté passe aussi par une croissance vigoureuse à large assise, et l’amélioration de l’accès aux services sociaux. Toutes choses qui vont de paire avec une bonne gestion des affaires publiques, une gestion macro-économique prudente, des marchés concurrentiels et un secteur privé dynamique, générateur d’emplois et de revenus, une juste répartition des fruits de la croissance.
Enfin, toute stratégie de réduction de la pauvreté suppose une action politique résolue pour "démarginaliser" les pauvres en leur donnant des moyens de se faire entendre et en favorisant les principes démocratiques.
Le recul de la pauvreté passe aussi par une croissance vigoureuse à large assise, et l’amélioration de l’accès aux services sociaux. Toutes choses qui vont de paire avec une bonne gestion des affaires publiques, une gestion macro-économique prudente, des marchés concurrentiels et un secteur privé dynamique, générateur d’emplois et de revenus, une juste répartition des fruits de la croissance.
Enfin, toute stratégie de réduction de la pauvreté suppose une action politique résolue pour "démarginaliser" les pauvres en leur donnant des moyens de se faire entendre et en favorisant les principes démocratiques.
Dans le contexte de bien des pays en développement
comme la Côte d’Ivoire, l’allègement de la dette offrira davantage de
possibilités aux gouvernants d’investir dans le social et d’inciter, par une
dépression fiscale, le secteur privé à se développer, à créer des emplois et
des richesses. Car le secteur privé est le moteur de la croissance et un
puissant vecteur de développement. D’ailleurs, l’inégalité des progrès
économiques entre les pays africains et asiatiques tient à l’industrialisation et donc à une dynamique de l'activité productive.
Les asiatiques qui étaient, il y a 40 ans, au même niveau de développement que
la plupart de nos pays se sont industrialisés et sont devenus des puissances
économiques. Alors que de 1960 à ce jour, l’Afrique au sud du Sahara est
devenue la zone la plus pauvre au monde avec un taux de croissance moyen de 4%
contre 57% dans les pays asiatiques. Samir Amin avait raison d’être
afro-pessimiste. Hélas !
Faut-il désespérer de la Côte d’Ivoire ? Malgré
la crise, on peut répondre par la négative parce que le Dsrp (devenu Programme national de développement-PND) traduit la volonté
des gouvernants de réduire coûte que coûte la progression de cet état
avilissant qu’est la pauvreté. Mais comme dirait l'autre, il faut laisser le champ de la guerre pour
s’attaquer maintenant à celui du développement. Résolument.
GOORE Bi Hué
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