La
Côte d’Ivoire, championne du marché financier régional
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Une vue de l'immeuble du Trésor public ivoirien |
En termes athlétiques
le champion, c’est celui qui a travaillé avec acharnement, qui s’est donné les
moyens en dépit des conditions d’entrainement difficiles, très difficiles même,
pour participer et remporter une compétition, une course, un trophée.
Transposée dans la gestion des finances publiques, notamment dans la recherche
d’une «victoire» sans ambages dans la mobilisation des ressources financières
conséquentes par appel public à l’épargne, quel que soit l’environnement
–hostile ou favorable – pour financer ses engagements régaliens, l’Etat de Côte
d’Ivoire apparaît, à l’évidence, comme le champion de la collecte publique
d’argent sur le marché financier régional. Et ce, depuis de longues années déjà !
Son dernier appel public à l’épargne, lancé en août 2012, via la Bourse
régional des valeurs mobilières (Brvm) dont Abidjan abrite le siège régional,
pour collecter par le biais d’un emprunt obligataire TPCI 6,5% 2012-2017 d’un montant
de 60 milliards de Fcfa au prix d’obligation de 10 000 Fcfa l’obligation, n’a
fait que confirmer sa position de champion du marché financier régional. Alors
que l’Etat recherchait sur une courte période allant du 06 août au 14 septembre
2012, 60 milliards de francs Cfa nécessaires au financement des investissements
publics inscrits au budget 2012, il en a mobilisé au dire du directeur général
du Trésor et de la Comptabilité publique, Koné Adama, 92 965 906 750
Fcfa, soit 155%. C’est un exploit qu’on ne saurait passer sous silence. Surtout
quand l’on sait que cette opération a été lancée dans la période des premières
attaques contre les forces républicaines de Côte d’Ivoire. La précédente
opération ayant couvert la période du 23 avril au 22 mai 2012 (TPCI 6%
2012-2015) avait, elle, mobilisé 71,9 milliards de Fcfa. Donc en l’espace de
six mois, le pays a pu collecter environ 164, 866 milliards de francs sur 120
milliards recherchés initialement.
Qualité de la signature de l'Etat ivoirien, le facteur attrayant
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Koné Adama, DG du Trésor public de Cote d'Ivoire |
Mais la position de
leader du marché financier régional en termes d’appel public à l’épargne de la
Côte d’Ivoire, comme susmentionné, remonte à plusieurs années déjà. Depuis
1999, l’emprunt TPCI 8% 1999-2002 au travers duquel l’Etat ivoirien recherchait
15 milliards de Fcfa s’était soldé par un succès inattendu. Car 30,2 milliards
avaient été collectés, soit un taux de réalisation de 202%). L’emprunt public
qui a suivi (Tpci 2002-2005, aux taux de 7%), lancé le 10 juin 2002 pour avoir
30 milliards de Fcfa, a quant à lui enregistré une plus-value de 34 milliards
de Fcfa, permettant ainsi à l’Etat d’avoir dans sa caisse la bagatelle de 64
milliards de nos francs. Soit 213%. Mais la plus grande performance de la Côte
d’Ivoire se situe en 2005 où l’emprunt Tpci 2005-2008, émis le 15 juillet 2005
au taux de 6,5% s’est soldé par 86,1 milliards de Fcfa mobilisés alors qu’il tablait
sur 40 milliards. Ce qui représente 215%.
Ces bonnes performances
n’ont fait que renforcer la conviction de l’Etat de Côte d’Ivoire que sa
signature est respectée et constitue un gage et donc une « assurance tous
riques » pour les souscripteurs aux emprunts qu’il émet sur le marché
financier et monétaire régional. Aussi, va-t-il revoir ses prétentions à la
hausse à partir de 2008, en recherchant par appel public à l’épargne (Tpci
6,25% 2008-2011), un montant de 60 milliards de Fcfa. Il a puis avoir 61,2
milliards. En 2009, il même pu disposer de 107,3 milliards de Fcfa alors qu’il
n’en demandait que 60 milliards! Soit 179% de succès. Même au sortir de la
crise post-électorale où l’incertitude était de mise, le pays a pu obtenir sur
le marché 160,2 milliards de Fcfa alors qu’il était en quête de 100 milliards.
La seule année où le résultat a été «décevant»
est 2010 à cause de la forte incertitude sur l’avenir et les signaux
pessimistes qu’entrevoyaient les analystes financiers et économiques. En effet,
sur 62 milliards dont avait besoin l’Etat en allant sur le marché financier
régional, il n’en a récoltés que 22,9 milliards.
Plus de 938 milliards mobilisés depuis 1999
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L'Etat arrive ainsi à boucler son budget |
En tout état de cause,
la Côte d’Ivoire demeure championne de l’espace Uemoa en termes de mobilisation
financière sur le marché régional. Puisque depuis 1999, ce sont, globalement, 938 milliards de Fcfa que le pays a réussi à collecter sur ce marché auprès des investisseurs institutionnels (assureurs) et autres souscripteurs nationaux ou non. Parce que la crédibilité de sa signature qui
se traduit par le respect régulier de ses engagements vis-à-vis de ses
créanciers, en dépit des crises successives, en est une raison fondamentale. De
même que sa capacité et son poids économiques. La Côte d’Ivoire n’est-elle pas
le leader de l’Union économique et monétaire ouest-africaine où elle détient,
seule 40% du pouvoir économique de cet espace?
GOORE
Bi Hué