Pays émergents, nos dirigeants en rêvent. Ici et ailleurs. Excellence ambition en soi. Mais pourrions-nous vraiment et durablement y parvenir lorsque des niches pouvant créer de la valeur ajoutée abondante ne sont pas suffisamment exploitées ? Par exemple, de grosses multinationales minières, pétrolières, agro-industrielles exploitent nos sols et sous-sols et s’enrichissent. D’autres, dans les infrastructures à péages, dans les assurances et banques ou dans bien d’autres services se fonf du sou à gogo. Elles deviennent immensément riches.. Certes, leurs activités contribuent à la croissance économique, mais comparé cet apport à ce qu’elles auraient dû injecter dans nos économies, c’est peu. Très peu même. Car, le le fait que ces grands groupes rapatrient la quasi-totalité de leurs bénéfices constituent un manque à gagner considérable, et ne favorise pas une croissance économique durable et profitable à tous.
Pour que leur présence soit réellement bénéfique à l’économie et au bien-être des populations, au-delà de leur contribution fiscale –ce qui du reste, est normal – et de quelques écoles bâties ici et là pour se donner bonne conscience, l’Etat pourrait leur imposer, dans la signature des contrats, leur entrée obligatoire en bourse sur le marché de la BRVM. Ainsi, ces multinationales seraient amenées à partager une partie substantielle des bénéfices amassés dans le pays d’accueil, permettant ainsi aux nationaux (personnes physiques ou morales) ainsi qu’aux caisses de retraite d’acheter, par l’intermédiaire de la bourse, leurs actions. Le faisant, elles sécuriseraient à long terme leur présence dans nos zones économiques et contribueraient à relever le niveau de l’épargne nationale, véritable tare des pays pompeusement qualifiés « d’en voie de développement » alors que la moitié de la population y vit dans la misère !
Par cet acte, les populations, dans leurs différentes composantes, ressentiraient davantage l’effet de la croissance économique dans leur vie quotidienne. Mieux, par leur cotation en bourse et leur participation à l’animation du marché financier régional, ces grosses entreprises, consolideraient ainsi la croissance endogène. Faute de quoi, les croissances économiques déclarées fortes, seront en réalité, des croissances fortement éphémères. Parce que les fruits de ces performances prennent plutôt les directions des maisons mères basées, en général, en Europe, aux Etats-Unis et en Asie, si ce n’est dans de douteux paradis fiscaux tant combattus de nos jours. D’ailleurs, un rapport des Nations Unies indique que plus 103 900 milliards de Fcfa (187 milliards de dollars US) sont sortis de l’Afrique de 1976 à 2001, en direction de ces continents susmentionnés ?
En fait, les populations dans nos pays sont dans une situation semblable à celle des veaux affamés alors que l’on extrait de leur «mère vache» du lait en quantité suffisante. Que faire donc ? Il conviendrait, par une volonté politique affichée, d’explorer une nouvelle régulation économique dans nos pays et qui passe indubitablement par l’arrivée sur le marché soit par cotation ou emprunts obligataires des entreprises qui nous vendent tout ce que nous consommons au quotidien et qui extraient de nos terres toutes leurs richesses. Sans toujours les partager comme il se devrait.