jeudi 4 octobre 2012

Secteur automobile



Le marché ivoirien « passe la vitesse supérieure », malgré la crise

Le marché ivoirien de l’automobile frémit à nouveau depuis la fin de la crise post-électorale. Selon les professionnels du secteur, les ventes mensuelles de véhicules neufs ont enregistré une croissance d’environ 80% au premier semestre 2012, en comparaison à la même période,  l’année précédente. Dans un dossier publié par le périodique Côte d’Ivoire Economie (n°18 du mois de septembre 2012), il ressort que ces ventes mensuelles, tous concessionnaires confondus,  sont passées de 450 véhicules en 2011 à 750, cette année. 

Au moins 9000 véhicules neufs en 2012 !

Si cette tendance se maintient, ce sont plus de 9000 véhicules neufs qui auront été vendus en 2012, alors que les professionnels n’en avaient cédé que 5400 en 2011. Parce que 2011 peut être considérée comme une année anormale à cause de la guerre et de ses effets collatéraux sur l’activité économique dans son ensemble, et donc sur ce secteur qui s’est, en réalité, vu réduit à six ou sept mois de plein emploi. Toutefois, la bonne santé du marché de l’automobile, et notamment de véhicules neufs,  a pris son ascendance depuis pratiquement cinq ans, avec un pic important,  cette année. Et ce, en dépit d’un contexte économique encore fragile et de la paupérisation des ménages.  En tout cas, un agent peut bien se frotter les mains : l’Etat. Lequel a, du reste, intégré dans son budget 2012 une contribution haussière de 50 milliards de Fcfa en termes de droits de douane provenant de ce secteur,  contre 40 milliards,  un an plus tôt.

Les occases font reculer les neufs depuis 1994

Le marché ivoirien de véhicules neufs, faut-il le rappeler, était très porteur au cours des années 1980 jusqu’en 1994, date de l’autorisation par le gouvernement de l’importation de véhicules d’occasion. Cette mesure a pour effet de « rétrograder la vitesse » de croissance du trafic des véhicules neufs, et donc d’infléchir l’espoir des concessionnaires automobile,  qui ont vu leur chiffre d’affaires baisser au profit des importateurs et vendeurs de véhicules d’occasion baptisés « France au revoir ». En effet, au cours de la période 1980-1994, les concessionnaires vendaient entre 25 000 et 30 000 véhicules neufs par an. Ce qui, comparé au chiffre de 2012, représente une chute drastique (-233,33%) due à plusieurs facteurs dont les deux plus importants sont, à l’évidence, la crise économique que connaît, depuis des lustres,  le pays,  d’une part, et le boom du marché des véhicules d’occasion qui comptabilise,  annuellement,  25 000 immatriculations. Là où la moyenne des neufs est de l’ordre de 6 000 véhicules immatriculés par an.

L'achat de véhicules démocratisé

Le taux élevé de véhicules d’occase immatriculés montre certainement l’intérêt qu’ils suscitent auprès de nombreux ménages à revenus modestes ; lesquels n’auraient pu s’offrir facilement un engin à quatre roues sans l’ouverture du marché ivoirien aux véhicules qu’il est convenu d’appeler «France au revoir». Malgré cette percée des occasions, le marché du neuf, comme susmentionné, est en nette croissance à nouveau. Faut-il y voir le retour du goût des Ivoiriens pour le luxe ou encore l’émergence d’une nouvelle classe sociale constituée de jeunes cadres issus de l’administration publique et du secteur privé ? Toutes les deux hypothèses, à défaut d’une étude approfondie sur la question pour le moment, sont viables  et imaginables. A cela, il conviendrait sans doute d’ajouter le renouvellement du parc automobile de l’administration publique.

Les marques asiatiques en tête

Mais ce marché de l’automobile est caractérisé,  ces dernières années,  par une vraie concurrence entre marques. Dominé traditionnellement par les marques européennes, et plus spécifiquement françaises, il est désormais marqué par une forte percée des asiatiques et même des américaines. On peut même dire que, de plus en plus, ce sont les constructeurs japonais, coréens et chinois qui semblent  «passer la vitesse supérieure»,  alors que leurs homologues européens, en général, et français, en particulier, «décélèrent, rétrogradent» sur le marché ivoirien. Cela est d’autant vrai que,  selon les statistiques relatives aux parts de marché par origine, publiées par Côte d’Ivoire Economie dans son dossier sur le secteur de l’automobile dans sa parution de septembre dernier, les constructeurs asiatiques représentent maintenant 65% du marché de l’automobile en Côte d’Ivoire contre 33% pour les marques européennes, et 2% pour les autres. Dans cette configuration, les marques japonaises et coréennes constituent les têtes d’affiche devant les marques chinoises.
En termes de catégorie, s’il est vrai que les véhicules de type 4x4 ont eu de beaux jours durant les dix dernières années, les professionnels avouent que leur demande recule au profit de ceux de tourisme. Cette tendance pourrait se renforcer au fur et à mesure que le réseau routier retrouvera son lustre d’antan,  grâce aux grands travaux de réhabilitation entrepris par l’Etat.

Le marché des neufs pourrait atteindre 500 milliards de Fcfa de chiffres d'affaires

En tout état de cause, le marché de véhicules neufs,  selon des concessionnaires,  a cumulé,  en 2011,  plus de 300 milliards de Fcfa de chiffre d’affaires. Et pourrait afficher, en faisant une projection basée sur l’estimation de 9000 véhicules susceptibles d’être vendus,  cette année, un chiffre d’affaires global d’environ 500 milliards en 2012.
Gooré Bi Hué

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